Souffrance, mal-être au travail : comment réagir ?
Les dépressions et les maladies engendrées par le stress au travail représentent actuellement plus de 50 % des arrêts de travail en France, selon une étude de la Commission Européenne. Par ailleurs, on déplore en moyenne un suicide par jour sur le lieu de travail en France, d’après le Conseil Économique et Social.
Comment détecter le mal-être au travail et comment réagir lorsqu’un collègue se trouve en situation de souffrance ?
Comment détecter le mal-être au travail et comment réagir lorsqu’un collègue se trouve en situation de souffrance ?
Détecter la souffrance au travail
Chaque salarié peut-être confronté à la souffrance au travail, quel que soit son poste, sa place dans la hiérarchie et ses responsabilités.Cette souffrance peut-être provoquée par plusieurs facteurs :
- des relations tendues avec un ou plusieurs collègues qui créent un sentiment d’isolement ;
- une forme de harcèlement au travail ;
- une perte de confiance en soi et en ses capacités suite à une épreuve ;
- une anxiété importante, après un changement brutal ou majeur ;
- une pression réelle ou ressentie qui favorise le stress ;
- une surcharge de travail, réelle ou perçue, donnant l’impression de perdre pied ;
- une « sous-charge » de travail au contraire, qui donne l’impression d’être inutile ;
- des problèmes personnels qui se répercutent sur la vie professionnelle.
Le mal-être au travail touche aussi bien les hommes que les femmes, jeunes ou plus âgés. Une personne en retrait, constamment à fleur de peau ou qui manifeste des pensées négatives doit être considérée comme potentiellement concernée.
Un salarié qui se plaint souvent doit également éveiller la vigilance de la part de ses collègues. Si ces plaintes peuvent se révéler injustifiées ou agaçantes au quotidien, elles peuvent être de plus en plus fréquentes si la personne concernée a la sensation d’être ignorée.
La souffrance au travail n’est pas proportionnelle au malheur de chaque individu, ni à ses performances ou à sa place dans l’entreprise ; certaines personnes sont épanouies malgré une forte charge de travail ou le stress, tandis que d’autres, plus vulnérables, se laissent submerger par un facteur en apparence mineur aux yeux de ses collègues. Pour autant, le fait de minimiser voire d’ignorer ces difficultés ne fera qu’empirer le stress et le mal-être ressenti.
Mal-être au travail : comment agir efficacement ?
L’écoute est une notion primordiale lorsque l’on vient en aide à une personne en situation de mal-être au travail. Il s’agit dans un premier temps d’écouter attentivement en laissant le collègue exprimer son mal-être, et de vérifier que l’on a bien compris en reformulant ses propos.En fonction de la nature du problème, il est possible de proposer directement son aide ou d’orienter la personne vers une tierce personne qui sera plus à même de l’aider (responsable de service, responsable RH, médecin du travail, délégué du personnel, etc.).
L’écoute doit être faite de façon bienveillante, sans chercher à juger la personne ou à minimiser ses problèmes, au risque de renforcer son sentiment d’être incomprise et isolée.
Dans un contexte possible de fragilité psychologique, chaque parole a son importance ; la personne victime de souffrance au travail doit sentir qu’elle est comprise et entourée. Ignorer la situation et faire comme si ce mal-être n’existait pas pourrait en effet amplifier la détresse de la personne et avoir des conséquences allant de la dépression au suicide.
Il est essentiel de prêter attention à ces comportements pour prévenir ces conséquences. Un collègue qui se mure dans le silence, refuse de s’alimenter ou manifeste des moments d’absence est potentiellement sujet à la dépression. Des accès de nervosité ou de colère peuvent conduire à des actes irréfléchis, envers soi ou envers son entourage. De la même manière, une sérénité soudaine peut s’avérer trompeuse de la part d’une personne en situation de mal-être ; on remarque en effet, chez les personnes ayant décidé de mettre fin à leurs jours, une forme de soulagement qui peut s’apparenter à un « retour au calme », entraînant l’entourage à relâcher son attention.
Quel que soit le cas de figure, en cas de doute, mieux vaut établir le dialogue avec le collègue concerné ou le mettre en lien avec un professionnel apte à l’aider.
La souffrance et la détresse au travail peuvent avoir des conséquences dramatiques. Si des doutes émergent sur le bien-être d’un salarié de l’entreprise mais que celui-ci refuse d’agir, il est du devoir de ses collaborateurs de signaler sa détresse à son supérieur ou à l’entité susceptible de l’aider.
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